Chanter, un enchantement!
Pourquoi chanter?
Vous souvenez-vous de cette chanson qu’interprétait Louise Forestier dans les années 70? La réponse était: pour le plaisir, le doux plaisir d’échanger quelque chose… Des paroles plus vraies que jamais.
Élizabeth N. nous raconte son histoire. Elle s’est donc inscrite à des cours de chant par l’intermédiaire d’un organisme montréalais (OMPAC) et dispensé cette année-là par Renée Charron, professeur de voix. Ça m’a plu, raconte Élizabeth, son approche holistique me convenait. Depuis, elle est une assidue des ateliers de Renée Charron, psychothérapeute et professeur de voix. Ça m’a permis de découvrir que j’avais une voix, et puis ça me donne l’occasion de chanter, dit-elle.
Lisette G. était à la recherche d’un cours de chant et découvert que Renée Charron offrait un volet qui s’intitule Thérapie par la voix. C’est ce quelque chose de plus qui m’a intéressée. Depuis, Lisette fait des ateliers individuels en plus de faire partie de l’atelier de style master class avec 5 autres personnes. Ça m’a permis de trouver ma voix. Je me sens bien. J’aime le contact que je me suis fait avec les autres. je me fais des amis. La thérapie par la voix me donne des outils pour développer mes capacités. C’est la découverte de soi par la voix…
Cette formule d’enseignement qui répond aux attentes de Lisette, Élizabeth et bien d’autres, a été créée et peaufinée par Renée Charron au fil des ans et des formations qu’elle a acquises et fusionne des techniques pédagogiques et des approches thérapeutiques (en ce sens qu’il y a modification du comportement vers un mieux-être).
Que la personne en soit consciente ou non, précise Renée Charron, il y a un processus de transformation qui s’enclenche, et c’est en ce sens que chanter constitue un exercice thérapeutique.
Les exercices pédagogiques sont puisés à même la technique vocale du bel canto, les exercices du chant classique, de la pose de voix, de la psychophonie (cette approche tient compte de la structure corporelle dans la résonnance de la voix), les techniques de l’antigymnastique. En ce qui a trait à l’aspect thérapeutique, elle utilise la bioénergie, l’abandon corporel, l’apprivoisement de la proximité de l’autre.
Le corps qui vibre
Quand on chante, un processus de transformation s’enclenche, affirme la professeure Renée Charron. Ce processus se situe d’abord au point de vue de la voix, bien sûr, et se manifeste par un bien-être, tant psychologique que physique. Lorsqu’on chante, tout le corps participe, surtout de la région du ventre jusqu’au front. Ce sont environ 200 muscles qui, tour à tour, sont sollicités.
Pendant le chant, les poumons se remplissent d’air, la cage thoracique s’ouvre, la colonne et le cou se redressent légèrement et la mâchoire se relâche. Le diaphragme, un muscle situé dans le haut de l’abdomen, participe à la respiration avec les muscles abdominaux et s’active. Son lent mouvement de va-et-vient s’amplifie et masse le foie, la vésicule biliaire, l’estomac, la rate, le pancréas, les reins, les intestins, un traitement unique pour les viscères! Coeur et poumons, placés dans le haut du diaphragme, sont stimulés par cette pulsion.
Cours de diction et d’élocution
Pour certains, faire face à un nouvel interlocuteur est affolant. De la peur du ridicule naît le ridicule. La gorge se serre, on est terrassé par les trous de mémoire, les paumes deviennent moites, les jambes se ramollissent…
Si vous vous reconnaissez dans cette description, c’est à vous que s’adressent les thérapies par la voix et l’abandon corporel. Depuis plusieurs années, Renée Charron offre une approche particulière qui met l’accent sur le volet relationnel de la communication. Lorsque l’on démystifie la communication et les rencontres interpersonnelles, la confiance s’installe… Les échanges qui en découlent sont moins mystérieux et apeurants, nous explique-t-elle.
Derrière son piano, en chantant et en faisant chanter, Renée Charron aide les étudiants à confronter un désir d’expression, mais aussi à confronter le malaise et le blocage dont ils sont victimes. Elle n’a pas de programme fixe, mais dirige chacune de ses rencontres avec ses étudiants comme une recherche thérapeutique. On remise gêne et timidité au placard pour apprendre à utiliser l’art de la conversation.
Journal Voir,
janvier 1998 vol 12, no.1 (Québec)
Mathieu Chantelois
Des outils pour développer la confiance…
L’art de la conversation devient une expérience agréable.
Développer sa projection vocale
Toute personne qui parle ou chante se confronte à ces questions à un moment ou un autre de sa vie.
Comment faire pour être à l’aise lorsque je parle ou chante? Pourquoi ma voix devient enrouée tout à coup? Est-ce que ma voix est assez forte?
La voix est un phénomène complexe et pourtant si naturel ! Physiologiquement, l’essence même du son est de se propager dans l’espace et de s’épanouir. Imaginez une roche qu’on jette à l’eau. Vous voyez des cercles concentriques qui s’étalent jusqu’à disparaître. Eh bien ! Le son est cette onde vibratoire qui résonne et s’amplifie selon des lois similaires. On ne peut pas voir le son comme on voit l’onde sur l’eau mais on peut entendre si le son se diffuse, s’il a une longue portée ou bien s’il reste étouffé.
Choeur magazine,
juin 1998 vol 41 (Belgique)
Renée Charron
Pour bien projeter le son, on doit utiliser, en principe, sa force de frappe et lancer la roche, si on conserve l’image utilisée précédemment. Cette force réside avec le mouvement respiratoire, porteur du souffle. C’est ce qu’on appelle, en termes techniques, utiliser son appui. Un bon orateur (ou chanteur) mobilisera donc sa musculature abdominale lors de l’émission vocale. Cette façon de faire permet au diaphragme de jouer son rôle de soutien et procure une assurance sans pareille.
Malheureusement, cette mécanique est souvent méconnue ou déficiente. Une prise de conscience et une rééducation du mouvement respiratoire sont nécessaires pour ne pas forcer de la gorge, s’épuiser ou même – ce qui est pire – perdre la voix.
Sentez-vous votre voix fatiguée après avoir parlé ou chanté longtemps? C’est fort possible que votre appui manque de tonus, de souplesse et de direction. Mais il est aussi possible que la voix soit gardée de l’intérieur, retenue. À ce moment-là, un autre phénomène se produit, qui est davantage d’ordre relationnel – même si c’est évidemment le corps qui se mobilise pour retenir. Bien qu’elle soit une réalité volatile, intangible, notre voix n’est pas déconnectée de ce que nous sommes, de ce que nous portons comme vécu. Par conséquent, nos émotions, ce que nous ressentons dans notre corps, et aussi ce que nous ne ressentons pas, a un lien intime avec la nature et la qualité de notre voix.
Ainsi donc, on pourrait dire que LA VOIX EST FONDAMENTALEMENT ET ESSENTIELLEMENT RELATIONNELLE.
Parler – ou chanter – nous place dans un contexte où nous avons à nous produire devant, à révéler quelque chose de nous. N’est-ce pas tellement plus facile de chanter seul dans son bain !…
Toutes sortes d’émotions ou de sensations se réveillent en présence d’une autre personne. Le corps se souvient – en deça de notre conscience – d’interdits ou de semonces du genre Baisse le ton, Cesse de crier, Pas si fort. Il s’est donc organisé pour retenir le son à notre insu.
La gêne peut représenter aussi un frein important. Parfois, l’intensité de l’expérience sonore fait peur, particulièrement dans le registre aigu. Heureusement, il est possible d’apprivoiser ces différentes sensations, de les faire siennes comme points de repère, et de prendre le risque d’aller au delà, de lâcher prise en quelque sorte. On n’accède parfois qu’à ce prix à sa pleine puissance vocale…
La voix ouvre les sentiers du monde intérieur
Comme un instrument de musique, le corps humain résonne au son de la voix et les vibrations provoquent des sensations physiques. C’est pourquoi la musicienne et pédagogue Françoise Lombard insiste sur l’importance d’aborder la question de la voix par la dimension de l’écoute… Nous sommes peu habitués à ressentir en nous le mouvement des vibrations sonores; dans les stages d’écoute, chacun apprend à localiser les sons, à les découvrir dans les volumes intérieurs et à les laisser rebondir dans son corps. Outre le développement de l’oreille, cette démarche procure connaissance de soi et plénitude, nous dit-elle.
Renée Charron, thérapeute psycho-corporelle, croit également que la voix permet d’aborder l’univers des émotions. Elle propose des rencontres où, à partir d’un travail vocal, les participants découvrent le rapport qu’ils entretiennent avec le monde et avec eux-mêmes. La voix est liée aux dimensions de l’être. Travailler le souffle, par exemple, peut amener à révéler ce pourquoi une personne manque de souffle, est oppressée ou a une voix éteinte.
Guide ressources,
mai 1996 (Québec)
Daniel Gauvreau
Soigner l’âme par la voix
Utiliser le chant pour favoriser la croissance personnelle est une méthode qui surprendra plus d’une personne. Renée Charron, chanteuse professionnelle et thérapeute psycho-corporelle depuis plusieurs années, gagne pourtant sa vie en libérant les tensions chez ses élèves.
Femmes Plus,
décembre 1994 (Québec)
Stephan Dussault
La voix a cette capacité étonnante de nous remettre en contact avec notre univers intérieur, affirme-t-elle. En fait, la voix lui sert de prétexte pour aborder l’aspect psychologique. Dans une chorale ou lors de cours privés, nous pouvons être satisfait ou non par notre performance, mais on ne s’attarde pas sur ce qu’on ressent. Par un travail simple et des exercices respiratoires, Renée Charron arrive à toucher tant l’aspect musical que les émotions éprouvées par la personne.
La plupart du temps, au début, mes élèves ont une réaction de pudeur et de gêne. La voix est une chose très personnelle et ils ont l’impression de se mettre à nu. Lorsqu’ils dépassent ces sensations, ils ont moins peur de perdre le contrôle et ils ont davantage confiance en eux dans la vie de tous les jours.
Même chose pour les éternels insatisfaits. La professeure affirme qu’en acceptant leur voix, ils seront plus conciliants et vivront mieux avec leurs imperfections. Pour ceux qui ont des émotions à fleur de gorge et qui veulent éviter une relation trop intime avec la thérapeute, les rencontres mensuelles de groupe sont recommandées. Cependant, pour plus de proximité et un travail plus rapide, Renée Charron suggère les cours individuels.